David Rieff, éditions Premier Parallèle, 18€, 222p
« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ». Cette phrase culte attribuée à Churchill est en fait assez creuse, car on peut dire aussi que celui qui ressasse son passé est condamné à le revivre. Cette soif morale du souvenir est un piège mortel comme le montre bien David Rieff. En pratique on se souvient bien des drames et des tragédies du passé qui servent de creuset aux identités ethniques ou religieuses. Appelant à la barre son expérience de reporter de guerre et celle des grands noms du souvenir : Yerushalmi, Ricoeur, Margalit, Todorov, il nous interroge profondément sur la morale du souvenir et de l’oubli. Mais hélas pour nous, si on peut assez facilement réactiver un souvenir, même faux, on ne peut jamais décider d’oublier. Quelques millions de morts sont là pour nous le rappeler, c’est notre seul devoir de mémoire.
Jean-Marc