Philippe Simonnot / P.G. De Roux / 13.90 €
La France entière traîne depuis deux siècles l'idée que le salariat est une forme cachée de l'esclavage. Le code Civil de 2004 distingue deux types de travail : le travail intellectuel qui ne peut faire l'objet d'un échange marchand (il n'est rétribué que par les honneurs !), et le travail manuel. La vente de la force de travail n'est considérée comme digne que si elle n'est pas permanente, ce serait alors de l'esclavage ! Le CDD préférable au CDI en quelques sortes. Cette vision étrange perdure dans la représentation actuelle du monde du travail et de l'économie. Dans ce domaine la France est un pays en complet décalage avec le reste du monde. Les Français, par exemple, considèrent à 41% que le capitalisme est totalement défaillant, contre 9% en Allemagne. Certains sont certainement fiers de ce décalage, mais dans un monde ouvert, l'opinion des autres importe beaucoup. Surtout si en pratique on veut continuer à bénéficier de l'ouverture et des avantages procurés par la fréquentation de ces "autres". Tous les choix économiques des dernières années ont imposé l'idée que les contraintes économiques peuvent être à l'infini contournées par la loi, car toutes les réformes et mesures importantes sont prises unilatéralement par les politiques. C'est une question de "virilité", sans doute, qui dépouille le dialogue social de tout contenu.
Un conseiller économique de Martine Aubry déclare qu' "il valait mieux tolérer un taux de chômage élevé que créer davantage de travail s'il est indigne" : c'est lourd de conséquences pour les chômeurs ! Si vous êtes "dans le système" (un "insider"), vous êtes surprotégé par les 3 000 pages du code du travail, pour les autres (les "outsiders") c'est le trou ! Pour eux pas d'avenir, même en contrat, nous espérons qu'ils n'auront pas l'indélicatesse de voter FN !
Un livre qui fait réfléchir en attendant « la croissance » qui, comme Godot, se fait attendre (la croissance du monde capitaliste, bien sûr, en espérant qu'elle veuille bien nous ramasser sur le bord du chemin).
Jean-Marc