Karel Schoeman / 10-18 / 8.10 €
Récit mutique. Les mots sortent durs, dépouillés de leurs attraits, lourds, difficiles, rares, à l'image du Veld immense. Terre inhospitalière qui semble à première vue vidée de sa sève, contrée toute puissante qui réduit les hommes à des présences incertaines et comme balbutiantes. Ce récit, c'est celui d'une vieille femme, c'est le récit de sa vie, elle se souvient de son enfance, de sa vie à la ferme, à lire comme celui d'un pénible enfantement tant les mots luttent pour exister face à l'oubli, face à la mort, tant les mots semblent fragiles, fragment d'inutile face au Veld qui transforme les passions humaines en théâtre sombre de cruauté.
C'est très beau, lent et déconcertant comme les autres romans de Karel Schoeman. Ici cependant à la différence de "Retour au pays bien aimé" ou de la 'Saison des adieux" c'est un récit de "pionnier", un récit de fondation qui porte en son sein les prémices de l'effondrement à venir. Nulle fureur ségrégationniste mais une réflexion sur la mémoire, la solitude...
Frédéric
Cette vie
23/05/2014 19:50