Manu Larcenet / Dargaud / 22.90 €
Suite et fin. C’est avec ce tome 4 que prend fin l’histoire de Polza, à la fois envoûtante et énigmatique. Dans le face à face qui oppose Polza aux 2 inspecteurs de police, nous reconstituons et apprenons l’envers, souvent très sombre, de son « odyssée » située loin du déroulement de nos vies ordinaires. C’est précisément à la mort de son père, qu’a lieu la rupture Polza franchit une ligne invisible et ne reviendra plus jamais à son ancienne vie, à sa vie d’avant.
Errance, vagabondage, vie dans les bois… Polza promène sa «grasse carcasse», son corps prison, jusqu’à rencontrer ce qu’il nomme le «blast» ce moment inouï de grâce, d’apesanteur; sensation de voler, de légèreté, incendie de couleurs vives au milieu des planches noires et grises, le «blast» devient sa quête, ce pour quoi la vie vaut d’être poursuivie. D’étranges statues apparaissent dans ses visions, les fameuses moais de l’île de Pâques : pure présence, pure beauté comme arrachées à un monde «souillé», lointaines, inaccessibles et pourtant comme une lumière en ce monde, ici-bas. Et puis il y a le spectacle parfait de la nature; petits rongeurs, oiseaux, insectes… le trait de Larcenet se fait précis, épouse les vibrations de la forêt de ce qui échappe au laid, au vulgaire, mais que nous ne voyons plus, car nous n’observons plus, ne sentons plus.
C’est beau, malgré tant de noirceur, et le « courage » de Polza questionne sans fin nos vies «ordinaires».
Frédéric